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1946
- Film de Claude Autant-Lara
Scénario et dialogues : Jean Aurenche et Pierre Bost
d'après le roman de Raymond Radiguet
Chef opérateur : Michel Kelbert
Photo : Marcel Weiss
Décors : Max Douy
Montage : Madeleine Gug
Costumes : Monique Dunan
Musique : René Cloerec
Production : Transcontinental - Paul Graetz
Avec : Micheline Presle, Denise Grey, Jean Debucourt,
Palau, Jean Varas, Germaine Ledoyen, Jeanne Perez,
Jacques Tati
Sortie : 12 septembre 1947 - Durée : 110 minSortie dans le monde
:
USA: Devil in the flesh
Italie : Il diavolo in corpo
Allemagne : Stürmische jugend
En résumé
Pendant la première Guerre Mondiale, un adolescent vie
une aventure amoureuse avec la femme d'un soldat parti au
combat. Entre enfantillages et passion, Marthe et François
poursuivront cette histoire jusqu'à son tragique dénouement.
Vu dans la presse
Il est rare d'assister, d'un fauteuil, à une histoire
qu'on a vécue et dont on a connu les personnages.
J'avais adopté Raymond Radiguet comme un fils. Or grâce
à Claude Autant-Lara, à Jean Aurenche, à Pierre Bost,
à Michel Kelber, grâce à Micheline Presle et Gérard
Philipe, il s'est produi,t en ce qui me concerne, un phénomène
étrange, analogue à celui du rêve. Les faux
personnages, les décors, se sont substitués aux vrais
personnages, aux vrais lieux, au point de me les faire
revivre sans la moindre gêne et dans une émotion
poignante. Je ne saurais dire la reconnaissance que j'ai
d'un pareil prodige. Claude Autant-Lara ne connaissait
pas la maison du Parc Saint-Maure. Il l'a construite. Les
acteurs ne connurent ni Raymond, ni Marthe. Ils les
furent. Il les furent jusqu'à me perdre dans un
labyrinthe de souvenirs, jusqu'à me duper l'âme...
Jean
Cocteau - La revue du cinéma - n°7 - été 1947
Gérard Philipe vu
par Claude Autant-Lara
(...) Tout, chez Gérard, se manifeste de façon
enfantine. Car il est resté infiniment jeune, souvent même
un peu menteur, comme les enfants gâtés, gâtés par la
chance. La chance d'un don : le don d'être un
merveilleux acteur, fin, sensible, pur.
Je veux citer un exemple : le rire de Gérard dans une
ravissante scène d'Aurenche et de Bost. Marthe annonce
à François sa prochaine maternité, et François-Gérard
rit... Il éclate de rire, d'un rire pourtant un peu
nerveux... car, s'il manifeste sa joie, d'une manière
enfantine, il sent - et nous sentons avec lui - qu'il
n'est pas encore mûr pour ce genre de joie, et pourtant
il rit... il rit nerveusement, en homme, en faux homme
qui sait déjà qu'il n'ira pas jusqu'au bout de son
devoir.
Durant tout le Diable au corps, je me suis souvent heurté
à Gérard, pourquoi ne pas dire la vérité ? Mais,
quand le film a été finit, Gérard est devenu mon ami.
Gérard, enfant moqueur, qu'on ne peut pas photographier
sans qu'il soit pris de terribles fous rires, Gérard buté,
Gérard méchant, qui grogne, Gérard, sans
manifestations épistolaires, sans vains mots, simplement
sur une poignée de main.
Gérard ne m'a pas trahi. Même dans mes luttes avec tout
le monde pour défendre ce film. Et je dois dire qu'il a
été le plus ferme, le plus fidèle, le moins lâche,
et, de beaucoup, le plus compréhensif.
C'est pour tout cela réuni que je suis, aujourd'hui,
heureux que Gérard ait eu un prix.
Claude
Autant-Lara - Ecran Français n°106 - 8 juillet 1947
Publication du récit
complet
Mon film 67 du 5 novembre 1947 : récit de 10 pages
illustré de 13 photos
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