La fièvre monte à El Pao

 

1959 - Film de Luis Bunuel
Scénario et Dialogues : Luis Bunuel, Luis Alcoriza, Charles Dorat et Louis Sapin d'après le roman d'Henry Castillou
Sortie : 6 janvier 1960 - Durée : 97 min
Avec : Maria Félix, Jean Servais, Raoul Dantes, Domingo Soler, Victor Junci, Roberto Canedo, M-A Ferriz

En résumé
L'histoire se déroule dans un pays imaginaire d'Amérique centrale. La discipline de fer que fait régner le nouveau gouverneur en place, favorise l'éclosion d'une rébellion. A sa mort, son secrétaire le remplace temporairement et essai d'instaurer des règles plus souples pour les prisonniers.

Vu dans la presse
Voici tout d'abord le roman d'un jeune homme pauvre : le secrétaire d'une île (tristement célèbre par son pénitencier) a des "idées" et un "idéal". Quelles idées, quel idéal ? Mystère ! D'après ce que l'on voit sur l'écran - y compris la triomphale chute de reins de Maria Felix - on peut lui prêter des "idées" vis-à-vis de cette dame et "l'idéal" de la retrouver au creux d'un grand lit. Mais le roman d'Octave Feuillet se transforme en une version nouvelle de la Tosca. C'est Maria Felix, la "toquée", qui cède à l'affreux Jean Servais, plus Scarpia que nature. Révolte au pénitencier, Scarpia-Servais est fusillé. C'est bien son tour. Ollé !... Le bon jeune homme, arrivé au bout de ses "idées" et de son "idéal", est la proie du remords. Maria Felix ne comprend pas. Elle meurt. Son amant fait retirer les chaînes aux condamnées politiques... ce qui équivaut au suicide. Fin.
Comme nous savions depuis longtemps que Luis Bunuel n'était qu'un plaisantin exerçant sans joie un métier qu'il n'aime pas, la preuve apportée par ce film ridicule était superflue et l'on regrette d'y voir le pauvre Gérard Philipe si mal employé.
G Deville - Noir et Blanc n°776 du 15 janvier 1960

Gérard Philipe vu par Luis Bunuel
"J'allais donc lui en parler, un soir, dans sa loge. Oui, il avait lu Le Moine, cinq ou six ans auparavant ; oui, c'était un beau sujet. Mais... et seulement à ce moment, le regard de Gérard devint flamme : est-ce qu'un film sur le Guatemala... un journaliste français... l'affreuse répression... C'était le moment où l'injustice régnait au Guatemala, et Gérard, que brûlait l'injustice partout où elle se manifestait dans le monde, vivait et souffrait avec le Guatemala. Et je compris que nous ne tournerions pas Le Moine.
Et puis un jour, le mécanisme compliqué qui donne naissance à un film s'est mis en marche le plus simplement du monde : on m'a proposé La fièvre monte à El Pao, on a proposé le rôle à Gérard ; nous avons tous les deux accepté. Et c'est ainsi qu'au printemps 1959, nous travaillions ensemble à Acapulco. Gérard était gai, et si jeune. Je ne le voyais guère en dehors du travail - je ne vois personne quand je tourne - mais je savais qu'il nageait, pêchait... Puis-je dire que nous nous sommes follement amusés à faire ce film que nous ne prenions au sérieux ni l'un ni l'autre ?
Un soir, pourtant, nous avons bavardé. J'ai dit à Gérard mon amertume de n'avoir pas fait autre chose avec lui. Je l'ai engueulé, quoi. Nous avions conclu que cela ne faisait rien, que nous ferions mieux la prochaine fois..."
Souvenirs et témoignages p 333 - Anne Philipe et Claude Roy

Publication du récit
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