Monsieur Ripois

 

1953 - Film René Clément
Scénario : Hugh Mills et René Clément d'après le roman de Louis Hémon - Dialogues : Raymond Queneau et Hugh Mills
Coréalisateurs : Claude CLément, Léonard Keigek Roger Good Max Gayton
Décors : Ralph Brinton
Costumes : Freda Pearson
Montage : Françoise Ravet
MUsique : Roman Vlad
Production : Paul Graetz Transcontinental
Avec : Valérie Hobson, Natacha Parry, Margaret Johnson, Joan Greenwood, Germaine Montero, Diana Decker, Percy Marmont, Eric Pohlman, Bill Shine
Sortie : 19 mai 1954 - Durée : 100 min

Sortie dans le monde
USA : Lover boy -/- Lovers, Happy lovers ! -/- Knave of hearts
Italie : Li amanti di Monsieur Ripois
Allemagne : Liebling der frauen

En résumé
Monsieur Ripois, français installé à Londres et marié à Catherine, ne se gêne pas de courtiser la meilleure amie de sa femme. Il lui raconte sa vie pour tenter de l'émouvoir et va même jusqu'à simuler un suicide. Catherine, décidée à divorcer lorsqu'elle découvre le côté volage de son mari, reste finalement avec lui à cause de cette fausse tentative de suicide à laquelle elle a cru.

Vu dans la presse
Pour tourner Monsieur Ripois, son premier film anglais, René Clément a voulu prendre sur le vif la vie des rues de Londres : Gérard Philipe, son interprète s'était déguisé en badaud londonien. Cette composition - la plus difficile de sa carrière - consistait à passer inaperçu. Autour de lui, la foule devait jouer, sans s'en douter, son rôle de tous les jours. L'itinéraire de Gérard, qui le fit passer successivement dans tous les quartiers de Londres, avait été pour chaque scène longuement étudié au tableau noir. La caméra était dissimulée entre quatre techniciens dans un assemblage de papier journal qui s'ouvrait comme un oeuf de Pâques. Elle ne surgissait qu'au dernier moment et enregistrait clandestinement les mouvements naturels des passants. Deux jours de suite, René Clément s'est attaché à filmer ainsi le "rush" des employés de bureau vers les gares de banlieue. Une seule fois Gérard Philipe a été reconnu pendant une prise de vues : une admiratrice lui demanda un autographe. Imperturbable, il répondit : "Deuxième rue à droite et première à gauche".
Paris-Match n°269 - 22-29 mai 1954

Gérard Philipe vu par Yves Boisset
Bien que Monsieur Ripois soit indiscutablement le meilleur film de René Clément et le meilleur film de Gérard Philipe, René Clément a, parait-il, raconté dans l'intimité que Gérard Philipe n'avait rien compris au personnage. Effectivement, il est possible que ce rôle, qui reste le plus complexe, le plus ambigu et le plus admirable de sa carrière, Philipe l'ai tellement bien senti et s'y soit si parfaitement intégré par tous les pores de la peau et de l'âme, qu'il ait été incapable d'en analyser le mécanisme. Car, brisant habituellement ses personnages pour les reconstruire à partir de lui-même, Gérard Philipe se brisa presque irrémédiablement sur le marbre sans faille de ce Ripois, dont les éclairs glacés rejaillirent sur chacun de ses rôles postérieurs, sinon sans doute, sur Modigliani, la houlette sévère de Becker ayant transformé l'acteur en un bressonien animal savant. Le génie de Philipe fut de rendre sensible un drame intérieur dont le héros lui-même n'était pas conscient, rendant évidentes les différentes phases de l'évolution du personnage, jusqu'à son faux suicide, et son équivoque désespoir final. Tour à tour charmant et odieux, cynique et pitoyable, sincère et hypocrite, naïf et rusé, lucide et inconscient, Gérard Philipe a imposé par les seuls prestiges de son jeu, une âme (ou un semblant d'âme) à un personnage qui, malgré la beauté des dialogues de Queneau, n'en avait pas.
Cinéma 60 n° 46 - mai 1960

Publication du récit
Mon film n°414 du 28 juillet 1954 : récit de 9 pages illustré de 20 photos