Une première biographie


Une première photo avec Anne

Gérard débute le tournage d'"Une si jolie petite plage" en mai 48. C'est un film noir dans lequel il brille littéralement. Son jeu est minimaliste et tout en nuances. Ce que son personnage vit à l'intérieur, Gérard le transpose admirablement sur son visage. C'est un de ses plus beaux rôles. Il y tenait particulièrement, d'autant plus qu'il a été écrit par Jacques Sigurd, son ami.
Sa popularité n'est plus à démontrer et déjà le magazine "Le miroir des vedettes" lui consacre une biographie, il n'a pas 30 ans.
Entre septembre et novembre, il participe au tournage de "Tous les chemins mènent à Rome" dans lequel il interprète le rôle d'un géomètre blond, amoureux d'une vedette de cinéma. Cette vedette, c'est Micheline Presle, sa partenaire du "Diable au corps". Le film recevra un accueil mitigé lors de sa sortie en salle en septembre 49. C'est pendant ce tournage que Gérard rencontre René Clair pour la première fois à propos de son projet de réaliser "La beauté du diable". Cette entrevue ne se passe pas très bien et René Clair, venu proposer le rôle principal à Gérard, la clôturera par un "petit con" à l'encontre du comédien.
C'est à peu prêt à cette époque que Jean Vilar contacte Gérard pour lui proposer d'interpréter Rodrigue dans "Le Cid" au festival d'Avignon de 1949. Gérard refuse prétextant qu'il n'est pas un tragédien et qu'il ne partage pas les idées de la pièce. L'entretien se clôture sur ces quelques mots de Vilar : "le petit con". Pour la deuxième fois, ces mots sont prononcés par une personne dont l'attachement à Gérard sera très grand.
En mars 1949 il joue dans "Le Figurant de la gaieté" puis enchaîne durant l'été 49 avec le tournage de "La beauté du diable". La collaboration entre Gérard et Michel Simon n'est pas aisée car Michel n'apprécie pas Gérard. Leur relation restera strictement professionnelle. Dans ce film, Gérard a le double rôle de Méphisto et de Faust jeune. Il a su montrer dans son interprétation de Faust que c'est un vieil homme dans un corps redevenu jeune et ses mouvements corporels laisse paraître l'étonnement de Faust devant son agilité retrouvée.
En octobre, après une période de cache-cache avec le reste du monde, Gérard s'installe boulevard Inkerman avec Nicole Fourcade qu'il a rebaptisée Anne. Une photo les montrant dansant tous les deux avait été publiée dans la presse et le commentaire disait que Gérard dansait avec une inconnue choisie au hasard dans la foule ! Personne n'avait soupçonné la vérité car les gens avaient d'autres rêves d'union pour Gérard. La presse souligne souvent "il a tenu les plus belles femmes dans ses bras et c'est Anne qu'il a choisie..." Anne la cérébrale, Anne la volontaire...
Entre juillet et octobre 1950 Gérard devient Michel dans "Juliette ou la clé des songes". C'est à la demande du producteur, Sacha Gordine (le même que pour l'Idiot) que Marcel Carné fait appel à Gérard. Le film est présenté au festival de Cannes en mai 51 où l'accueil est glacial. Fidèle à ses engagements, Gérard réaffirme publiquement son attachement à ce film et à son metteur en scène. Le film prend sa revanche le 18 mai, lors de sa première projection publique il est applaudi.